Vous trouverez ci-dessous les textes "A propos de la crise capitaliste en cours" ainsi que
"les classes sociales en France et en Europe occidentale".

A propos de la crise capitaliste en cours

(article paru dans le numéro 12 de FRONT SOCIAL)

1-la crise capitaliste n'est pas qu'une crise de surproduction du capital (critique de l'économie politique marxiste "italienne")

L'aspect essentiel de la théorie marxiste quant à la notion de "crise" du développement capitaliste consiste en la théorie de la "chute tendancielle du taux de profit". Pour Marx en effet, les profits effectués par les capitalistes se fondent intégralement sur l'exploitation des prolétaires (qui ne possèdent que leur force de travail et qui sont ponctionnéEs sur la valeur de leur travail par le propriétaire des appareils de production).

A ceci s'ajoute le fait que le capitalisme est du travail accumulé dans une proportion toujours plus grande. Le développement capitaliste s'appuie sur un capital grandissant un peu plus à chaque cycle. La productivité augmente alors, mais au dépens des prolétaires, remplacéEs par des machines et licenciéEs. Le taux de profit, c'est-à-dire la proportion d'exploitation du travail des prolétaires, chute ainsi parallèlement.

Nous sommes ainsi confrontés au fait que "baisse du taux de profit et accélération de l'accumulation ne sont que des expressions différentes d'un même procès, en ce sens que toutes deux expriment le développement de la productivité du travail".

Cette baisse du taux de profit de la production industrielle amène un déplacement du capital industriel vers le capital financier, qui devient central pour la direction de l'économie capitaliste (impérialiste). Mais cela ne se passe pas mécaniquement, purement et simplement parce qu'il y aurait plus de bénéfices dans la finance que dans l'industrie.

En effet un autre phénomène rentre en ligne de compte, à savoir la transformation de la concurrence en monopole (développement parallèle à la chute du taux de profit). Comme le dit Lénine, "concentration de la production avec, comme conséquence, les monopoles; fusion ou interpénétration des banques et de l'industrie, voilà l'histoire de la formation du capital financier et le contenu de cette notion".

C'est-à-dire que dans la théorie marxiste-léniniste la chute du taux de profit et le passage de la concurrence au monopole sont deux phénomènes indissociables; toute séparation de ces deux réalités qui sont un seul et même contexte aboutit à une erreur théorique. C'est en Italie que cette erreur est commise de manière unilatérale depuis les années 70.

Le schéma des camarades d'Italie est relativement simple: il rejette tout caractère automatiquement positif à la formation des monopoles, et ainsi la centralité de la "contradiction entre le caractère privé de l'appropriation et le caractère social de la production". Il défend la conception d'un marxisme s'appuyant sur la contradiction entre valeur d'usage et valeur d'échange. Les Brigades Rouges (br) avançaient ainsi la thèse révisionniste selon laquelle "la cause première de toutes les contradictions de l'économie capitaliste est contenue dans le caractère double de la marchandise et dans sa dynamique divergente. A savoir: la tendance au développement illimité de la production de la richesse matérielle (objets utiles) et la tendance vers le zéro de la production de valeur".

C'est-à-dire qu'en fin de compte pour les br le capitalisme ne s'est pas transformé en impérialisme, que sa crise repose purement et simplement dans la nature de la marchandise, et non dans la production. Cette thèse erronée explique concrètement que la contradiction révolutionnaire (et sociale) s'appuie sur la production de marchandises toujours plus grandes et la chute de plus en plus rapide du taux de profit. Ou comme les br le disent dans leur document fondamental (l'abeille et le communiste): "quand on parle de surproduction de capital, on n'entend pas simplement surproduction de marchandises (quoique la surproduction de capital entraîne toujours une surproduction de marchandises), mais suraccumulation de capital, c'est-à-dire surproduction de moyens de production et de subsistance en tant que ceux-ci peuvent œuvre comme capital".

Nous avons ici un point fondamental de l'économie politique italienne: le capital est considéré comme… financier, et simplement financier, sans aucun lien avec la réalité productive. La production industrielle ne sert plus au capital, qui n'est plus que financier, alors que le principe fondamental du marxisme-léninisme concernant la notion d'impérialisme est la fusion du capital industriel et du capital financier.

Dans l'économie politique "italienne", la contradiction révolutionnaire est "visible" dans la pâte dentifrice que l'on doit utiliser mais qu'il faut payer (ce qui n'est ni plus ni moins la même thèse que l'autonomie italienne), et les monopoles jouent un rôle purement négatif, car ils sont en fait le capital qui reste malgré lui, le capital financier qui n'est plus le capital industriel (qui a disparu à cause la chute de taux de profit). Cette perspective est essentiellement petite-bourgeoise; elle nie l'existence de l'exploitation dans la production industrielle (au profit d'un capital bien existant) au profit d'un capital financier tout puissant et cohérent. D'où les thèses sur le complot impérialiste des grands financiers (thèse caricaturée chez les BR-PCC), la négation des contradictions inter-impérialistes, l'ouvriérisme débridé qui est l'expression d'un retour au "pays réel" contre les bandits de la haute finance. Que toutes ces thèses soient très facilement gangrenées par l'extrême-droite plus on "oublie" la surproduction de marchandises, va de soi. Est particulièrement caricaturale l'affirmation du groupe "Rapports Sociaux" comme quoi "Lénine a montré que la formation du capital financier et son élévation au rôle dirigeant au-dessus de toutes les autres formes de capital (industriel, monétaire, commercial) sont une des caractéristiques de l'impérialisme dans le domaine économique, parmi les quatre qu'il montra: la suprématie des monopoles, la suprématie du capital financier, la priorité de l'exportation des capitaux sur l'exportation des marchandises, l'achèvement du partage du monde entre les groupes impérialistes et leurs Etats". L'ensemble de cette phrase est révisionniste. Lénine n'a jamais parlé d'élévation du capital financier au-dessus des autres formes du capital (industriel, monétaire, commercial), mais bien de "fusion du capital bancaire et du capital industriel". Parler de "priorité de l'exportation des capitaux" comme s'il s'agissait d'une décision pensée par le vilain capital contre la production est également totalement faux; Lénine dit à ce sujet que "l'exportation des capitaux, à la différence de l'exportation des marchandises, prend une importance toute particulière", ce qui n'a rien à voir! L'affirmation d'une crise de surproduction absolue de capital se fonde sur une erreur fondamentale d'observation de la réalité productive.

 

2-la crise capitaliste n'est pas qu'une crise de surproduction de marchandises (critique de l'économie politique "espagnole")

La thèse "italienne" a été littéralement exécuté par un responsable du PC d'Espagne (reconstitué), Arenas, dans un texte intitulé "sur la crise de surproduction". Arenas a très bien remarqué les oublis de la réalité industrielle dans l'affirmation d'une "crise de surproduction du capital" comme centre de la crise capitaliste. Mais il commet une erreur ici aussi fondamentale, car il nie également la fusion du capital bancaire et du capital industriel. Non pas au profit d'un capital financier tout puissant comme le fait "Rapports Sociaux", mais au profit du capital industriel. Arenas nous rappelle ainsi que Marx affirmait que "le capital industriel est l'unique forme d'existence du capital dans laquelle la fonction de celui-ci n'est pas seulement l'appropriation de la plus-value ou du produit excédent, mais aussi sa création. Pourtant, ce capital conditionne le caractère capitaliste de la production; son existence porte en soi implicitement la contradiction de classe entre capitalistes et ouvriers salariés".

Puis, partant de cette affirmation, il traite du capital financier comme d'une "superstructure". Il affirme même qu'"il est clair de toute évidence que le capital monétaire ou financier ne peut pas 'conditionner' la marche de l'économie, pas même dans les pires moments de la crise, même si, en tant que 'superstructure', et dans son cadre d'autonomie par rapport au capital industriel, il peut l'influencer et, de fait, il l'influence, selon les cas et les circonstances, en accélérant ou en freinant le processus de crise et de décadence du système".

Arenas remet ici fondamentalement en cause l'analyse de Lénine quant à l'impérialisme. En effet, Lénine nous dit bien que dans la phase aboutissant à l'impérialisme les banques "cessent d'être de modestes intermédiaires pour devenir de tout-puissants monopoles disposant de la presque totalité du capital-argent de l'ensemble des capitalistes et des petits-patrons, ainsi que de la plupart des moyens de production et des sources de matières premières d'un pays donné, ou de toute une série de pays. Cette transformation d'une masse d'intermédiaires modestes et une poignée de monopolistes constitue un des processus essentiels de la transformation du capitalisme en impérialisme capitaliste".

Toute l'analyse de Lénine quant à l'impérialisme se fonde sur le fait qu'il y a une fusion du capital industriel et bancaire. Comme il le dit, "quant à la liaison étroite qui existe entre les banques et l'industrie, c'est dans ce domaine que se manifeste peut-être avec le plus d'évidence le nouveau rôle des banques. Si une banque escompte les lettres de change d'un industriel, lui ouvre un compte courant, etc., ces opérations en tant que telles ne diminuent pas d'un iota l'indépendance de cet industriel, et la banque ne dépasse pas son rôle modeste d'intermédiaire. Mais si ces opérations se multiplient et s'instaurent régulièrement, si la banque 'réunit' entre ses mains d'énormes capitaux, si la tenue des comptes courants d'une entreprise permet à la banque - et c'est ce qui arrive - de connaître avec toujours plus d'ampleur et de précision la situation économique du client, il en résulte une dépendance de plus en plus complète du capitaliste industriel à l'égard de la banque.

En même temps se développe, pour ainsi dire, l'union personnelle des banques et des grosses entreprises industrielles et commerciales, la fusion des unes et des autres par l'acquisition d'actions, par l'entrée de directeurs de banque dans les conseils de surveillance (ou d'administration) des entreprises industrielles et commerciales, et inversement".

 

3-la crise capitaliste comme expression de la tendance au monopole; la révolution comme conséquence de la réalité monopoliste

Les maoïstes ne doivent pas se focaliser sur la résistance aux privatisations, mais au contraire prévoir la société capitaliste issue de ces privatisations, afin d'organiser la stratégie révolutionnaire à partir de là. La lutte de classes n'a pas toujours de sens et de signification pour les révolutionnaires. La lutte de classe n'a de signification que si elle rentre dans un cadre précis: celui d'un type de révolution, et n'a de sens que s'intègre dans la stratégie fondamentale de la prise du pouvoir. C'est toute la signification des mots de Lénine, qui nous avait expliqué que c'est la bourgeoisie qui a en premier observé la lutte de classe, et qu'être marxiste c'est reconnaître la nécessité de la dictature du prolétariat. En ce sens, toutes les spéculations sur les attitudes défensives du prolétariat n'aboutiront jamais à rien à part l'économisme, et ne feront que renforcer l'anarcho-syndicalisme. La seule position que le révolutionnaire peut avoir est offensif. Bien sûr, il arrive à la révolution de reculer: cela ne signifie pas pour autant que la position offensive doive être abandonnée. Ou alors c'est tomber sur les mêmes positions que ceux/celles qui ont voulu brader la Guerre Populaire au Pérou après les échecs subis!

"Position offensive" ne signifie pas non plus tomber dans le travers contraire, à savoir le militarisme (à tout va) sous prétexte que la révolution est historiquement possible (Action Directe en France en est la caricature, et ses positions anti-impérialistes un justificatif moral à la lutte révolutionnaire. La France est bien le pays de Camus et des moralistes).

Cela signifie "simplement" que la question de la gestion de la société doit être posé. L'oubli fondamental de cette question de la gestion de la société, sous prétexte de "centralité ouvrière" (cache-sexe de l'ouvriérisme) a fait partir, en France, vers l'anarchisme et le trostkysme toutes les initiatives d'autogestion, de luttes à la base, de tentatives de formation d'espaces de lutte avant tout culturels. A un tel point que ce sont ces initiatives qui ont avalé les révolutionnaires: Lip a avalé la Gauche Prolétarienne dans les années 70, la contre-culture petite-bourgeoise allemande a avalé la RAF.

Là où par contre les révolutionnaires savent opposer une réalité culturelle aux monopoles - comme le DHKP/C en Turquie, qui a organisé des centre culturels, des conseils populaires, etc. - là ils/elles ont les moyens d'augmenter leurs rangs.

L'idéologie correcte ne suffit pas, la pratique correcte non plus, si on nie une de leur conséquence: la culture révolutionnaire (qui doit conquérir l'hégémonie - ce n'est pas pour rien que c'est Mao Tsé-Toung qui a inventé le terme d'opinion publique!).

Toute la politique de propagande concernant la crise capitaliste doit raisonner en terme de stratégie: montrer la stratégie des monopoles et leur défense anti-sociale de leurs intérêts, et lui opposer la stratégie communiste-maoïste de gestion sociale.

 

4-Le rôle stratégique des néo-colonies est surestimé ou sous-estimé: la nature des crises dans les néo-colonies

La situation économique du tiers-monde ne peut pas être comprise seulement dans le cadre de rapports internationaux ou internes; une telle vision, défendue sur le plan technique par les partisans de l’autodéveloppement par la libéralisation des échanges et des différents marchés internes, ne correspond pas la réalité. Celle-ci est selon nous, et c’est là l’originalité du propos, caractérisée par un mode de crise tout à fait spécifique aux pays concernés, et cela d’autant plus que ces crises ne sont pas locales ni saisissables uniformément selon les régions du monde, ni dues ou correspondant à un mode propre de développement. Nous tenons ici particulièrement à nous moquer des tentatives de développement comme la " révolution verte " ou la vision que la Chine des années 80-90 a d’elle-même. Tous ces types de développement ne sont que du capitalisme, et leurs modes de production sont parfaitement adéquats aux lois du profit et de la reproduction élargie du capital.

Ce que nous affirmons là peut sembler paradoxal: d’un côté les pays du tiers-monde sont élément du capitalisme, de l’autre leur type de crise ne serait pas celui caractérisant le capitalisme de type occidental? Un tel paradoxe n’est consistant que si nous arrivons à démontrer que la situation des pays du tiers-monde est celle d’un capitalisme partiellement développé, ou plus exactement uniquement développé selon les besoins du capitalisme transnational d’origine occidentale. Si l’on se place à partir du point de vue occidental les différents pays du monde suivent un cours capitaliste propre, mais intégré au marché international; ce qui nous fait affirmer que ces soi-disants capitalismes des pays du Sud n’est qu’un élément, une annexe du capitalisme occidental. Une annexe et non une arrière-cour. Nous nous basons sur le modèle théorique directement émis par Marx et voulant que la loi générale de l’accumulation capitaliste que par cycles et circulation. Le capitalisme des pays du Sud n’est de fait qu’un immense mécano industriel et financier, construit au fur et au mesure et sans aucune logique. Ce qui fait que des centaines de pays ne sont pas économiquement viables, leur développement n’existe et n’a de valeur que par rapport au développement pays occidentaux, et ne s’explique que par lui. L’exemple des pays pétroliers du Golfe est ici flagrant. Mais il faut bien remarquer et donner toute son attention au fait que les pays en voie de développement ne sont qu’eux aussi des sous-traitants du capitalisme international, des pays frontaliers du capitalisme occidental et du capitalisme unijambiste des pays du Sud. Nul ne peut affirmer sérieusement que Taiwan, Hongkong, Singapour voire la Corée du Sud -principaux pays de cette catégorie intermédiaire- suivent un cours capitaliste " classique "; rien que leur développement - ou plutôt leur absence de développement - politique en est une démonstration qualitative.

Caractérisons la situation internationale pour pouvoir bien comprendre les modalités de ce cycle d’accumulation du capital transnational d’origine occidental au niveau international. Les centres du Capital, les pays occidentaux donc, sont de plus en plus dominés dans leur économie, leur culture et leurs services de production par les productions à haute plus-value, l’électronique, l’armement, les fonctions d’ingénierie, d’organisation, de conception. Les soi-disants " NPI " (nouveaux pays industrialisés, en voie de développement donc) s’occupent de la fabrication qualifiée, tandis que l’exécution, le montage et les autres tâches subalternes, déqualifiées, reviennent aux pays du Sud au sens classique du terme.

Hobson avait préfiguré cette tendance du Capital à s’autovaloriser au dépens du développement du capital local, c’est-à-dire à l’absorber (nous soulignons ici le terme): une grande partie de l’Europe pourrait alors prendre l’aspect et le caractère qu’ont maintenant telles parties de ces pays: le Sud de l’Angleterre, la Riviera, les régions de l’Italie et de la Suisse les plus fréquentées par les touristes et peuplées de gens riches, à savoir d’une petite poignée de riches aristocrates recevant des dividendes et des pensions du lointain Orient, avec un groupe un peu plus nombreux d’employés professionnels et commerçants (...). Telles sont les possibilités que nous offre une plus large alliance des Etats d’occident, une fédération européenne des grandes puissances: celle-ci loin de faire avancer la civilisation universelle, pourrait constituer un immense danger de parasitisme occidental; détacher un groupe de nations industrielles avancées, dont les classes supérieures recevraient un énorme tribut de l’Asie et de l’Afrique et entretenir, à l’aide de ce tribut, de grandes masses apprivoisées d’employés et de serviteurs, non plus occupés à produire en masse des produits agricoles et industriels, mais rendant des services privés ou accomplissant, sous le contrôle de la nouvelle aristocratie financière, des travaux industriels de second ordre " (Hobson, L’impérialisme, 1902, p.103 et 205).

Il s’agit si l’on veut comprendre la nature des économies des trois continents (Afrique, Asie, Amérique latine) de saisir dans leur complexité les mécanismes qui ont imposé les structures favorables au Capital transnational au détriment des bourgeoisies nationales, adaptées dans la plupart des cas en oligarchie ou en bourgeoisie compradore. La nature même des Plans d’Ajustement Structurel n’est saisissable que si on les comprend comme outils des pays occidentaux; ces plans ne s’appliquent de toute façon que dans des situations nationales terriblement détériorées et extrêmement dépendantes du contexte international. Les pays du Sud n’ont aucun moyen de se décrocher de la chaîne internationale capitaliste à moins de suivre la théorie élaborée par Guevara consistant en décrocher zones par zones des groupes de pays de l’assemblage capitaliste mondial.

Mais précisons ici le sens de ce décrochage. En effet le blocus historique imposé par les pays occidentaux aux potentialités de développement économique autosuffisant des " PVD " a modelé la dépendance organique du marché mondial et la poussée de branches productives particulièrement hypertrophiées. Ainsi comme nous l’avons dit aucune " déconnexion " ne pourra être effectuée par un pays seul; seul un passage groupé vers une forme différente de développement aura une quelconque validité. Mais nous pouvons voir que les pays d’Amérique latine mettent d’ailleurs cette technique en pratique, en favorisant les rapports inter-pays, et ce même avec Cuba. Ainsi la déconnexion ne suffit pas, ce dont il s’agit également c’est de relancer une tendance internationale forçant le capital transnational a reculer, a se replier sur lui-même et ainsi à s’étouffer à cause du manque de débouchés fondamentalement nécessaires à l’accumulation du capital. Si les pays du tiers-monde n’ont pas la capacité ou les moyens d’aller en ce sens et de faire en sorte que le capital cesse de les gérer à la place de leurs propres peuples, cela signifie que les différents groupes du Capital transnational se rencontreront sur le terrain même de leur évolution et de leur accroissement, et donc dans les pays du Sud eux-mêmes. Le conflit entre la France et les USA - en Algérie, au Congo, etc.- en est une préfiguration conceptuelle et contextuelle: la guerre restera la seule solution pour l’obtention des annexes du Capital occidental, et la seule configuration apparemment possible pour les pays du 1/3 monde, condamnés à n’être qu’un gigantesque et tragique aparté de l’accroissement du capital.

Les classes sociales en France et en Europe occidentale

(paru dans FRONT SOCIAL N°10 - printemps 1998)

La notion de classe sociale

La notion de classe est fondamentale pour tous/toutes les révolutionnaires quelle que soit leur idéologie, parce que la lutte de classe est toujours comprise comme moteur de l’histoire (sauf chez la Fédération Anarchiste qui n’a reconnu l’existence de la lutte des classes qu’en 1968, tout en affirmant la priorité du " combat anti-marxiste. CIA quand tu nous tiens...).

Pourtant, s’il y a bien quelque chose de flou dans la gauche révolutionnaire, c’est bien la notion de classe. Soit elle est transcendée au profit des citoyens (le " PC "F, la ligue communiste révolutionnaire, Réflexes...), soit elle est mythifiée dans un grand élan ouvrièriste (Lutte Ouvrière, Partisan...).

Tous ces groupes cités se cassent les dents sur les deux obstacles majeurs auxquels on est confronté à partir du moment où l’on entend parler des classes sociales:

1.La définition objective des classes sociales, parce que l’économie est en mouvement et toujours placée à un niveau international;

2.La définition subjective, parce que les éléments des classes sociales sont influencés par l’existence des autres classes et rejettent parfois les aspects politiques et culturels de leur propre classe.

A cela s’ajoute la volonté des classes sociales dominantes de faire en sorte que les oppriméEs ne puissent pas se concevoir en termes d’éléments de classes sociales, afin d’empêcher la formulation de revendications appelant au renversement d’une classe par une autre.

C’est ce fait qui explique par exemple pourquoi la bourgeoisie explique tant par l’intermédiaire des médias et des pseudos-recherches économiques que la classe ouvrière " n’existe plus ", alors que dans les analyses qu’elles se réservent, comme celles de l’Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques (INSEE), " les ouvriers demeurent le groupe social le plus important parmi les actifs ".

Comme nous l’avons dit, la question de savoir si les éléments des classes sociales se reconnaissent (ou pas) comme tels joue un grand rôle.

C’est la notion de " conscience de classe " qui intervient ici. Selon la théorie de Marx, Lénine et Mao, les élémentEs conscientEs de la classe ouvrière, c’est-à-dire conscientEs de leur situation économique dans le cadre global de la société (capitaliste), forment l’avant-garde de la cause révolutionnaire ouvrière. Les éléments non-conscients, par contre, doivent être conscientisés dans le processus de lutte de classe, par la propagande révolutionnaire et la pratique de la lutte des classes.

Lorsque la conscience atteint un degré suffisamment fort, que les dominéEs sont en grande majorité conscientEs de leur situation, et lorsque parallèlement le système est affaibli et bloqué, alors la situation est mûre pour l’insurrection révolutionnaire.

Cette question de la conscience de classe est centrale dans le processus révolutionnaire. C’est pourquoi le " Parti Communiste " français, lorsqu’il a mis en oeuvre la " déstalinisation " et passé au pilon les oeuvres de Staline dans les années 50, en a profité pour détruire l’ouvrage de Bouvier-Ajam et Mury, " les classes sociales en France ".

Le " PC "F entendait quitter le terrain de la révolution, et cela passait par la liquidation de tout débat quant à la conscience de classe.

Il faut également savoir que la dernière partie du " Capital ", que Marx n’a pas pu finir, traitait de la définition des classes sociales.

Néanmoins, il nous reste le reste de l’ouvrage, ce qui n’est déjà pas si mal. Cela nous guidera pour définir le monde de la production.

Intéressons-nous quand même à une définition des classes sociales. Prenons donc celle de Lénine: " On appelle classes de vastes groupes d’hommes [et de femmes] qui se distinguent par la place qu’ils tiennent dans un système historiquement défini de la production sociale, par leurs rapports, la plupart du temps fixés et consacrés par la loi, aux moyens de production, par leur rôle dans l’organisation sociale du travail et donc par les moyens d’obtention et la part des richesses publiques dont ils disposent. Les classes sont des groupes d’hommes [et de femmes] dont l’un peut s’approprier le travail de l’autre par la différence de place qu’ils tiennent dans un régime déterminé de l’économie sociale ".

" La plupart du temps fixés par la loi ", nous dit Lénine. Cela est vrai, sans forcément l’être si l’on regarde l’exploitation de la femme (par l’homme). Celle-ci a indéniablement participé à la reproduction de la force de travail (de par son statut de " femme de l’ouvrier "), sans pour autant que cela ait été reconnu en tant que tel. La violence contre les femmes et leur exploitation étaient reconnues et protégées par la loi (et l’Etat), mais pas le caractère d’exploitation.

La classe ouvrière

Nous avons une définition des classes. Il reste à savoir comment définir le monde de la production, puisque c’est selon la place à l’intérieur de la sphère productive que l’on peut savoir à quelle classe sociale appartient objectivement telle ou telle personne (la question de la subjectivité venant encore après).

Comme Lénine l’a dit, et comme nos lecteurs/lectrices le vivent quotidiennement (le cas de l’officier de police des Renseignements Généraux lisant notre revue étant assez différent), l’exploitation est au coeur des systèmes économiques existant.

Nous pouvons donc déjà constater l’existence d’une classe sociale dominante dans les rapports de la production, en profitant le plus: la bourgeoisie. La bourgeoisie est la classe capitaliste, celle qui possède les moyens de production, et " fait travailler ".

Bien: nous avons déjà une classe sociale. Mais il y en a bien d’autres: quelles sont-elles? Forment-elles toutes un prolétariat, aussi grand que vague, uniformément exploité par la bourgeoisie?

Il va de soi que non. Dans l’analyse marxiste, ce qui compte, en terme de richesse, c’est la marchandise (et non pas l’argent, qui n’est qu’un moyen d’échanger les marchandises).

Au coeur de la production, il n’y a donc ni la bourgeoisie, qui ordonne la production, ni les employéEs, qui gèrent cette production. Au coeur de la production, il y a la classe ouvrière.

Qui est cette classe ouvrière en France aujourd’hui? Une classe concentrée géographiquement, puisque les 1000 plus grosses usines françaises sont les lieux d’exploitation d’un million de personnes (soit un salarié du secteur industriel sur 4); 6 millions de personnes sont ainsi statistiquement des éléments de la classe ouvrière en France.

Pourquoi cette classe est-elle aussi peu représentée sur le plan culturel dans la France capitaliste? Pourquoi, malgré ces chiffres, entend-on toujours parler de " disparition " de la classe ouvrière?

De fait, parce que l’idéologie de la classe ouvrière est l’idéologie communiste, et que cette idéologie a été violemment attaqué par la bourgeoisie, les médias, etc. ainsi que par des organisations ouvrières dont la direction est devenue bourgeoise (" PC "F, CGT, etc.).

La classe ouvrière n’a plus d’organisation, et la bourgeoisie ne veut pas entendre parler de la classe ouvrière.

De plus, même si les ouvrierEs se mettent à lutter, leur forme de résistance est généralement lié au lieu de travail ou au quartier), avec des revendications bien précises qui ne sont pas forcément spécfiquement ouvrières (parce que des employéEs habitent aussi le quartier, etc.). Et les luttes dans les usines sont le plus souvent sectorielles, locales (sauf évidemment la lutte générale contre le cadences).

1ère erreur: Toni Negri et l’ouvrièrisme généralisé

Il faut à cela ajouter le développement de plus en plus chaotique et compliqué du capitalisme; le terme générique de " classe ouvrière " a beaucoup perdu de sa capacité descriptive.

En conséquence de cette insuffisance dans la définition de " classe ouvrère ", et dans le flou artistique général, se sont développées des thèses affirmant que tout le monde était ouvrier dans le domaine de la consommaton, et que le capitalsme était tellement riche que l’on vivat pratiquement dans le communisme, à ceci près que les appareils idéologiques (l’idéologie du " travail ") et l’Etat existait encore. C’est la thèse développée par Toni Negri dans les années 70.

Dans cette perspective, les restructurations économiques sont comprises comme un moyen pour la bourgeoisie de se débarasser des grandes usines pour exploiter un peu partout ce qui est un nouveau " sujet antagoniste ", un nouveau prolétaire, celui que Toni Negri appelle " l’ouvrier social ".

Cet ouvrier ne fait plus partie de l’usine, et ne lutte plus sur ce terrain (la classe étant " fragmentée " et éparpillée), mais mène un combat pour ses besoins sociaux. C’est l’une des grandes thèses du mouvement autonome italien des années 80/90, et c’est pour cela qu’il s’est retrouvé réduit à une poignée de " freaks " refusant le travail (non plus seulement salarié mais dans l’absolu), squattant pour organiser des concerts et organiser des expos.

Pourquoi cette thèse (de Negri) est-elle fausse? Parce qu’elle a pour l’origine l’affirmation de Negri comme quoi la " loi de la valeur " (profit, exploitation, etc.) n’est plus valable, que le communisme se développe spontanément avec la richesse matérielle globale (!!!) et que tout le monde est pour ainsi dire un prolétaire.

Il suffit d’étudier l’exploitation de la femme dans le patriarcapitalisme, ou des immigréEs dans les pays impérialistes, pour bien voir qu’il n’est pas possible d’affirmer que " nous vivons déjà dans le communisme " (Toni Negri).

Au lieu de constater que l’exploitation se développe de manière beaucoup plus complexe que dans la contradiction ouvrier/patron (division internationale du travail, impérialisme, aristocratie ouvrière, travail des femmes " au foyer ", etc. etc.), Negri la généralise, en fait une loi universelle. C’est une grave erreur, aboutissant à la relativisation des différences de classe (et de la stratification à l’intérieur des classes).

La distinction nécessaire entre " travail productif " et " travail improductif "

Si l’on suit Marx, l’ouvrierE est celui/celle qui a une activité productive au sens matériel du terme; ce sont les définitions de " travailleur productif " et de " travailleur improductive " dont nous avons ici besoin.

Un travail est productif lorsqu’il amène quelque chose qui posséde une valeur d’échange pour le capitaliste.

Comme l’expliquent les camarades de la revue communiste italienne " Il Futuro ":

" A l'époque [de Marx et Engels], les travailleurs improductifs étaient nombreux: agriculteurs, artisans, commerçants, professions libérales et enfin gardiens, domestiques... que Marx prend en considération dans son fameux exemple à propos du travail improductif. Le serviteur du capitaliste n'est pas productif, explique Marx, du moment que son travail n'est pas échangé contre du capital mais avec une partie du revenu du capitaliste. Le capitaliste qui a des serviteurs ne réalise pas de profit, au contraire, il dépense.

Mais ce même travail peut devenir productif dès lors que ce n'est plus le jardinier, mais l'entreprise de jardinage qui traite des mêmes fonctions. Un cordonnier qui confectionnait une paire de chaussure et qui les vend, créait une valeur d'usage sous forme de marchandise et l'échangeait contre de l'argent [argent=temps de travail pour les marxistes].

Un capitaliste qui investit son " argent " et ouvre une fabrique de chaussures, produit beaucoup " plus " qu'une plus grande quantité de chaussures: il donne vie à des rapports qui produisent une séparation croissante entre fonction de direction (dominante) et celle d'exécution (subordonnée), il produit et reproduit un rapport social qui, généralisé à chaque processus productif, crée les classes sociales.

Ainsi, la transformation du travail improductif en travail qui, afin que les capitalistes en tirent plus-value, est " productif ", constitue le processus de création de la société capitaliste.

Aujourd'hui, ce processus a " excessivement " progressé, mais si cela peut aider à se rapprocher avec plus de clarté de l'actuelle composition de la classe prolétarienne, il n'est pas inutile de reparcourir les étapes et les formes qui le projettent.

Traditionnellement dans la catégorie " travail productif " sont inclus les processus de travail liés à l'agriculture, à l'extraction des matières premières (mines) et aux industries de transformation.

Dans cette première et partielle classification, il est déjà noté que toutes les activités de transport des marchandises sont incluses dans l'industrie de transformation, contrairement à l'habituelle et erronée classification de cette activité dans le secteur des " services ".

Et cela lors que le " capital productif investi en elle (l'industrie des transports) ajoute de la valeur aux produits transportés, une partie par transfert de la valeur des moyens de transport, une partie par l'ajout de la valeur par l'entremise du travail de transport " (Marx, le capital livre II).

Le raisonnement est tout aussi évident à l'intérieur de l'usine même, où de nombreux ouvriers ne réalisent pas d'autres travaux que de la manutention, " transporter " les différentes marchandises à l'intérieur et entre les ateliers.

Même discours valable pour les travailleurs grâce auxquels les marchandises sont pesées, emmagasinées, emballées, tous des travailleurs qui ajoutent de la valeur aux marchandises et donc, pour le capitaliste, des travailleurs productifs.

En outre, à partir de la phase monopoliste [=impérialisme, à partir du début des années 1900], le mode capitaliste de production établit sa domination sur la totalité des besoins humains, ceux pris des points de vue individuels, familiaux ou sociaux.

La poussée à l'expansion du capital dans de nouveaux secteurs de la production est déterminée, en termes économiques, par l'excédent de concentration du capital déjà réalisé dans l'industrie manufacturière. D'autre part, les importants phénomènes d'urbanisation créent les présupposés d'un ample marché " avide " de nouveaux produits.

En fait est désormais détruite l'organisation sociale existant lors du capitalisme primaire, basé essentiellement sur la famille (amis, voisins et communauté), le travailleur est contraint à entrer en rapport, même en-dehors de l'usine, avec le capital; il est obligé de s'adresser au " marché ", à entrer dans un rapport achat-vente, non seulement pour les biens indispensables à sa subsistance mais aussi pour satisfaire d'autres nécessités, celles du divertissement, les loisirs, ou les soins des enfants, des personnes âgées ou malades.

Désormais, tout cela n'échappe plus au contrôle du capital et à ses lois, y compris les émotions et les sentiments.

Donc, avec la phase impérialiste s'établit la soumission aux lois du marché capitaliste de la production, pour l'immense majorité des biens; parallèlement la conquête par le capital des " services sociaux " et donc de leur conversion en marchandises, et " l'invention " de " nouveaux produits " et de " nouveaux services " visant à satisfaire aussi des besoins induits et devenus indispensables dans la société capitaliste restructurée. Toute " nouvelle " activité est créatrice de profit.

En fait, pour la production de plus-value et donc du profit capitaliste, il n'est pas indispensable que " l'objet du travail " (les matières premières) et le résultat final de celui-ci aient un caractère matériel. Ils peuvent transformer également des éléments soi-disants " immatériels " (comme celui des " informations " par exemple, sur lesquelles est appliqué un travail et qui, donc, sont réélaborées).

Le travailleur occupé à la production de biens matériels rend un " service " au capitaliste, et c'est en tant que résultat de ce " service " qu'un objet tangible prend la forme d'une marchandise.

Dans le cas des services véritables, le résultat du travail ne peut pas prendre la forme d'un objet, il est donc offert directement au consommateur, mais les effets du travail se transforment également en marchandises. Dans la phase impérialiste, le travail des services n'est pas offert directement au consommateur, mais dans l'immense majorité des cas, il est acheté par un capitaliste (ou par l'Etat capitaliste) qui le revend sur le marché, en en obtenant un profit.

Pour le capitaliste, il n'existe aucune différence, en temps de production de plus-value, entre l'ouvrier d'usine et le personnel qui cuisine dans des restaurants ou des MacDonalds, prépare, apprête, lave, sert, exécute une production tout aussi tangible. Le même discours est valable pour les travailleurs des blanchisseries ou des ateliers de réparation, d'entretien, de location de voitures, etc...

Que les travailleurs de l'entretien et du nettoyage soient attachés à des biens d'usage et continuellement réutilisés, comme dans les hôtels, ou à des marchandises en cours de " finition " (c'est-à-dire comme dans les opérations de polissage et de lustrage finaux de l'automobile) ne change pas la nature des effets de ces opérations, elles sont productrices pour le capitaliste ".

 

Le travail improductif aujourd’hui: Gucci, Chanel, Axa assurances et UAP, la CIA, la DST et l’OTAN

Nous avons vu que sont appelés improprement " services " des activités qui relèvent de l’exploitation classique.

Néanmoins, il faut bien constater que dans le système capitaliste moderne, c’est-à-dire dans la phase impérialiste-monopoliste du capitalisme, les services sont inféodés à la production, à sa gestion, à sa réalisation, son entretien etc..

Elles servent la production capitaliste, mais ne sont pas productives pour autant; elles sont une excroissance de l’appareil productif dans le cadre des monopoles.

Il s’agit pour les capitalistes de vendre, de trouver des marchés, au début par des moyens " non-violents " (publicité, promotion des ventes, etc.), puis par des moyens " violents " (piratage industriel, interventions armées des Etats, etc.).

Ces activités d’" entretien " de la machine capitaliste ne sont pas productives en soi, et forment ainsi une énorme excroissance de l’activité économique des pays impérialistes.

Il ne s’agit plus, comme à l’époque de Marx, d’un travail improductif lié aux développements de l’économie capitaliste; il s’agit d’une conséquence structurelle du cycle capitaliste dans sa phase impérialiste.

Cela vérifie dans le fait que les pays du Sud n’ont pas développé de tels secteurs économiques. Le bataillon d’employés nécessaire à l’impérialisme - que ce soit dans le domaine privé pour les monopoles, ou dans le domaine public pour le Capitalisme Monopoliste d’Etat, avec par exemple la grande bureaucratie du social-impérialisme soviétique - a énormément augmenté et continue de grandir avec l’accroissement du cycle d’accumulation capitaliste.

C’està-dire que l’augmentation de la tertiarisation est reliée à l’une des caractéristiques de l’impérialisme, à savoir la " fusion du capital bancaire et du capital industriel, et [la] création, sur la base de capital financier, d’une oligarchie financière ".

Cette oligarchie financière ne se contente pas d’avoir structurellement besoin d’une contre-révolution préventive organisée (CIA, DST, etc.), elle consomme également des objets de luxe avec lesquels elle forme une idéologie de fascination pour elle.

Les parfums, la mode, Chanel, Gucci, Valentino, Armani, Calvin Klein, etc. sont des noms de prestige, dont la renommée doit pour l’oligarchie (qui en est d’ailleurs propriétaire) dépasser celle de Guevara ou Mao-Tsé-Toung.

Dans l’existence d’une énorme bureaucratie improductive (le " tertiaire ") on retrouve la division travail manuel / travail intellectuel, propre au capitalisme. Le système capitaliste se voile la face dans le domaine des sciences humaines, et ainsi est obligé de former une classe de sociologues, essayistes, experts, analystes, opérateurs, etc., classe ayant comme tâche d’empêcher que la production ne sombre dans des contradictions internes (et pratiques) à cause de l’irrationalité du capitalisme.

 

Les sans-travail

Le chômage est un phénomène inhérent au capitalisme. Comme le dit Marx, " si une surpopulation ouvrière est le produit nécessaire de l'accumulation, c'est-à-dire du développement de la richesse sur une base capitaliste, cette population devient, vice-versa, le levier de l'accumulation capitaliste et plus encore, une des conditions d'existence du mode de production capitaliste. Elle constitue une armée industrielle de réserve disponible qui appartient au capital de manière aussi complète que si ce dernier l'eut élevé à ses propres frais, et elle crée pour les besoins variables de valorisation de celui-ci, le matériel humain, exploitable, toujours prêt, indépendamment des limites de l'augmentation réelle de la population " (Le Capital, livre premier).

Pour une analyse précise du chômage, j’envoie les lecteurs/lectrices à l’article " sur le chômage " publié dans le numéro 7 de notre revue, et pour une caractérisation culturelle, à l’article dans le numéro 8 à propos de la société des 2/3.

Disons juste à ce propos que les chômeurs osciellent entre trois catégories sociales:

-le lumpenproletariat;

-le second tiers, c’est-à-dire la classe sociale salariée classique;

-le dernier 1/3, lumpenproletariat moderne.

Le lumpenproletariat est incapable de se rebeller, et bascule vers le plus offrant (donc le fascisme). Les chômeurs / chômeuses liéEs au second 1/3 espèrent regagner cette classe, et profitent de réseaux sociaux (mairies " PC "F, Assedic...) les maintenant la tête au-dessus du dernier 1/3, qui lui vit dans les cités la plupart du temps et profite d’activités extra-légales (vente de drogues, vols, etc.).

 

Les classes sociales en Europe de l’Ouest

Une excellente analyse a été fourni par un groupe appartenant à l’organisation communiste illégale " Action Directe ", étonnament en 1984. Etonnament parce que ce texte a compris un développement qui aujourd’hui encore échappe à beaucoup.

Pour ces camarades, " il s’agit aujourd’hui de concevoir l’Europe occidentale comme un territoire homogène où la construction d’un pôle révolutionnaire unitaire est possible. Cela signifie considérer le prolétariat de la métropole comme un classe unique, répartie sur des territoires différents, mais qui ont des caractéristiques fondamentalement semblables.

Concrètement, nous ne considérons pas la recomposition de l’ensemble des prolétaires européens en une fraction prolétaire unique comme une chose acquise. Mais le terrain stratégique que nous choisissons dans la phase actuelle est celui de la construction de l’organisation internationale du prolétariat d’Europe de l’Ouest.

Et nous cherchons à généraliser dans cette stratégie les particularités et les spécificités des différentes réalités des divers prolétariats nationaux.

Considérer le prolétariat d’Europe de l’Ouest comme une réalité unique veut dire rendre dynamique ce que le capital multinational rend statique par la division formelle de l’Europe en divers Etats nationaux. Alors que ce même territoire n’est, pour le capital multinational, qu’un espace stratégique avancé de marché et de production.

Il est le centre des conflits économiques et de pouvoir de toutes les multinationales mondiales (américaines, japonaises, allemandes, anglaises, françaises, italiennes). Et les gouvernements des différents Etats nationaux constituent de plus en plus les simples paravents des luttes internes au capital multinational, chacun d’entre eux constituant un terrain où coexistent et s’affrontent les intérêts des multinationales.

En Europe, si le capital multinational se présente " divisé " au niveau du pouvoir et des rapports internes à chaque Etat, dans son rapport avec la classe il n’en a pas moins un comportement unitaire, dans l’exploitation et la répression du prolétariat. L’Europe de l’Ouest, tant comme marché qu’au niveau de la production, constitue un territoire unique sur lequel le capital multinational projette, programme, réalise et impose sa logique de profit.

Toutes les structures de production et de marché d’Europe de l’Ouest sont en fait multinationalisées. Ce qui permet au capital multinational de jouer sur les divisions nationales du prolétariat, tant en termes d’exploitation que de répression. Et cela afin de gérer les conflits de classe qui explosent sur un territoire donné de façon spécifiquement régionale, en évitant ainsi la diffusion des conflits à l’échelle européenne. Cette division du prolétariat européen permet au capital multinational d’intervenir avec le maximum de brutalité dans les territoires où l’intensité de la contradiction de classe empêche toute médiation. Dans le même temps, celui-ci peut maintenir dans les autres territoires d’amples rapports de médiation et de liberté formelle.

La régionalisation et la circoncription des conflits de classe dans un territoire défini laissent intactes les possibilités de pacification et de médiation dans les autres.

Au cours des trente dernières années, les crises cycliques qui sont intervenues dans toute l’Europe ont été résolues et dispatchées, à des moments et avec des moyens différents, sur l’ensemble des territoires, évitant ainsi la généralisation des conflits de classe que produisaient ces crises. Elles ont été le résultat d’un même cycle de restructuration qui a investi l’ensemble de l’Europe et a frappé les différents territoires nationaux, à commencer par les territoires les plus avancés, la France, la R.F.A. et la Grande-Bretagne, suivis ensuite par l’Espagne, moins développée.

Ce processus a touché non seulement la structure productive, mais aussi la structure sociale et urbaine. Il a vu se développer une véritable métropolisation des territoires.

Ce qui se traduisit par le fait que le contrôle, la médiation, la décomposition et la différenciation du prolétariat se développent d’abord dans les secteurs nationaux les plus " avancés ", pour être ensuite systématisés dans les autres secteurs présentant ces caractéristiques. Cette systématisation fut générale, rapide et efficace. Le discours conceptuel fut rapidement stratifié, pacifié et redéfini selon les multiples changements qui intervenaient dans le cycle de crise du capital multinational. Il fut aussi marqué par le développement de la concurrence économique et de pouvoir en son propre sein;

L’homogénéisation de l’Europe de l’Ouest est déterminée tant par le niveau actuel de développement et de crise du capital multinational mondial que par la phase actuelle de tendance à la guerre.

Dans toute l’Europe le cycle crise-resructuration-crise se développe simultanément. L’équilibre entre les territoires pacifiés e ceux qui le sont moins tend donc à se rompre, la crise et la tendance à la guerre contraignant de plus en plus le capital à se situer dans un même rapport avec l’ensemble du prolétariat. Il doit alors rompre avec sa tactique de médiation pour imposer par la violence les restrictions économiques, un accroissement de l’exploitation et de la logique de guerre impérialiste.

La restructuration de la production (dans l’automobile, la chimie, dans le secteur énergétique) et la logique de guerre impérialiste prennent alors une dimension concrète immédiate: les licenciements massifs, la réduction généralisée des dépenses sociales et publiques au profit des dépenses militaires, l’installation des missiles nucléaires, la création de la Task force et le renforcement de la mission historique de l’OTAN, afin de faire face aux éventualités que suscite cette tendance.

Dans la phase actuelle de crise générale du capital et de la tendance à la guerre, tout ceci impose de travailler à construire l’organisation internationale du prolétariat d’Europe de l’ouest. Cela signifie concrétement travailler, dans chaque territoire, en partant de sa spécificité et de ses particularités, à favoriser le développement de la conscience prolétaire en termes internationaux. Pour recomposer le prolétariat comme classe révolutionnaire, il faut favoriser la meilleure circulation des expériences de lutte prolétarienne et de l’expérience des organisations révolutionnaires, en rompant ainsi avec la différenciation entre territoires plus ou moins pacifiés, et cela afin de propager la conscience révolutionnaire dans l’ensemble du prolétariat.

Il est actuellement nécessaire de travailler dans les mouvements de masse qu’exprime ce prolétariat. Ces mouvements sont aujourd’hui extrémêment contradictoires parce qu’ils sont soient des mouvements partiels et spécifiques (territoriaux, liés à la réalité d’un territoire) contre les restructurations, les licenciements, la réduction des dépenses sociales, soient des mouvements généraux contre la guerre et la politique impérialistes qui ne réussissent pas à dépasser le discours défensif ou strictement pacifiste.

La présence massive de la gauche institutionnelle dans ces mouvements tend pour l’heure à leur insuffler une ligne politique réformiste et révisionniste qui bloque toute perspective de développement de la conscience révolutionnaire.

Mais il y a, objectivement, dans la phase actuelle, une incapacité politique des révisionnistes et des réformistes à offrir des débouchés crédibles au mouvement des prolétaires. Avec la tendance à la guerre et le développement de la crise, toutes les possibilités de médiation sont rompues. A toute lutte ouvrière contre la restructuration, le capital répond par de nouvelles restructurations et de nouveaux licenciements. Les partis " de gauche " et les syndicats se démasquent de plus en plus comme la représentation politique des multinationales au sein de la classe (...). Les mouvements de masses prolétariennes expriment actuellement de grandes contradictions, mais aussi de grandes potentialités. Il faut avoir présent à l’esprit que ces mouvements naissent d’un prolétariat décomposé, différencié, parcellisé.

Les restructurations, l’informatisation sociale, la militarisation et la répression ont détruit sa mémoire historique révolutionnaire, telle qu’elle xistait dans les années 60-70, alors que se développaient les luttes de la classe et des nouvelles générations prolétariennes.

Ce n’est pas par hasard que nous parlons de prolétariat métropolitain. Car il se caractérise de manière contradictoire, à la fois par son haut degré de décomposition et par un haut niveau d’antagonisme social et de refus du mode de vie capitaliste. Nous disons donc que ces mouvements de masses sont à la recherche de débouchés de libération et de réalisation de leur propre richesse sociale. Mais cela ne peut passer que par la destruction du capitalisme et la construction d’un parcours de libération communiste.

Ces mouvements sont des terrains concrets de travail pour tous les mouvements révolutionnaires européens. Cela veut dire travailler à la démystification du discours réformiste et révisionniste, à la propagande constante dans ces mouvements autour des tactiques et des stratégies du mouvement révolutionnaire, de ses contenus, de ses instruments, de ses pratiques, à la construction de structures organisées d’information, de débat, de développement de la conscience de masse révolutionnaire, à la destruction de toutes les déterminations matérielles de la domination du capital qui empêchent le libre développement du mouvement et à la destruction de toutes celles qui favorisent l’exploitation et la guerre (...).

Notre identité de communistes est basée sur un rapport symbiotique et dialectique entre le contenu de libération et les instruments historiques nécessaires à sa réalisation.

Dans la phase actuelle, l’identité communiste révolutionnaire retrouve d’énormes possibilités de développement concret dans le rapport dialectique entre organisation communiste révolutionnaire et mouvement de masse prolétarien, à l’intérieur de la stratégie de construction de l’organisation du prolétariat d’Europe de l’Ouest.

Le développement d’un parcours unitaire incluant les différentes expériences des organisations révolutionnaires d’Europe de l’Ouest pour la construction d’un pôle révolutionnaire unitaire constitue un premier pas vers la recomposition du prolétariat européen.

Et cela ne signifie pas une somme figée de toutes les expériences, parce que chaque expérience s’est développée dans des conditions différentes et a eu des méthodes différentes en fonction des territoires où elle s’est développée. Toutes ces expériences, si elles avaient des caractéristiques similaires, avaient aussi des spécificités qui ont notablement influencé leur développement au cours des dernières années.

Un parcours unitaire signifie travailler à une stratégie internationale unitaire en Europe de l’Ouest et déterminer des étapes successives visant à créer, phase après phase, une unité politico-organisationnelle sur le terrain de la lutte contre le capital, pour la recomposition du prolétariat métropolitain. Il ne s’agit pas de créer un rapport idéologique, mais un rapport unitaire de pratiques concrètes, de développement du mouvement révolutionnaire en Europe de l’Ouest.

Nous sommes convaincus que les différences qui existent actuellement entre les diverses expériences révolutionnaires en Europe sont le produit d’une confusion politique que nous avons pu exprimer et des divers niveaux de mûrissement de toutes nos expériences.La stratégie de construction en Europe de l’organisation internationale du prolétariat est le terrain sur lequel il est possible de bâtir concrètement une clarification politique qui corresponde à la phase et qui permette une maturation d’ensemble de toutes les expériences révolutionnaires. Celles-ci trouvent, dans leurs propres maturations et dans leurs propres spécificités, un débouché concret à l’intérieur d’un rapport de pratique unitaire.

Construire le mouvement révolutionnaire unitaire signifie développer les potentialités du prolétariat, parce qu’ainsi, à l’intérieur du rapport unitaire, se développe un niveau de maturation globale de tout le mouvement révolutionnaire. Et c’est dans une stratégie de recomposition du prolétariat en Europe que se développe son niveau global de conscience.

Pour le mouvement révolutionnaire, le terrain stratégique de l’initiative correspond à la possibilité de développer sa propre conscience, parce que le mouvement révolutionnaire est le premier embryon de l’organisation communiste de toute la classe.

La construction de l’organisation internationale du prolétariat n’est donc pas la stratégie d’une organisation, mais bien la stratégie de l’ensemble du mouvement révolutionnaire dans la phase de développement maximum et de crise du capital multinational et des tendandes à la guerre.

En tant que stratégie de phase, cette stratégie se veut une critique précise à toutes les stratégies mises en oeuvre dans les phases précèdentes de l’expérience révolutionnaire en Europe (...).

Développer des pôles révolutionnaires unitaires dans les territoires homogènes signifie construire des points de référence concrets pour l’organisation et la recomposition révolutionnaire du prolétariat mondial. La tendance à la guerre dans l’accentuation des contradictions de classes développe aussi l’homogénéisation de territoires extrrémêment vastes, et favorise objectivement la recomposition du prolétariat qui vit sur ces territoires.

Ce n’est pas là un processus mécanique et spontané, mais la base objective sur laquelle le mouvement révolutionnaire bâtit la stratégie de libération du prolétariat. Aujourd’hui, pour tous les révolutionnaires, oeuvrer dans cette direction stratégique c’est contribuer concrètement à la transformation de la réalité prolétaire actuelle, pour la libération de la réalité prolétaire de demain ".

 

Les classes moyennes et l’idéologie nationale-populiste ou nationale-révolutionnaire

" A quand un article dans Marianne qui montre que l’économie française s’est cassée la gueule à cause des grandes surfaces et de leur politique d’achat et de vente à bas prix? ".

" Bravo Marianne, tu prônes la révolution sans sombrer dans l’extrême ".

" Il faut rappeler aux jeunes que ce n’est pas la France qui a construit le camp d’Auschwitz ".

" Je suis scandalisé par l’indulgence de la justice vis-à-vis des brûleurs de voitures. Cette impunité les encourage "

" La France donne spontanément tous les ans 50 milliards de francs aux potentats africains ".

" Je voudrais ajouter que Jean-Marie Le Pen n’est pas aussi raciste que l’on veut bien le dire: il veut la France aux Français ".

Ces extraits du " courrier des lecteurs " de la revue " Marianne " sont exemplaires. Ils montrent parfaitement la dynamique psychologique aboutissant au développement du fascisme dans les classes moyennes. Si l’on prend ainsi ces citations point par point, on a un bon résumé:

-il faut défendre les petites et moyennes entreprises, les commerçants et artisans contre les grandes surfaces et les monopoles;

-il faut utiliser la violence (=révolution) mais sans que les classes dangereuses ne puissent rentrer dans la danse;

-la France est belle et éternelle et coupable de rien;

-la justice n’est pas assez répressive, d’ailleurs il faut rétablir l’autorité partout, surtout à la maison;

-ce n’est pas la France qui exploite l’Afrique mais le contraire;

-le racisme est surtout anti-français.

Il faut bien voir que le fascisme est un mouvement de masse. Ce n’est qu’en cela que les monopoles soutiennent les groupuscules aux idées farfelues racistes et autres. Hitler dans les années 20 en Allemagne? La bourgeoisie a besoin de lui. Elle prend. Le Pen dans les années 70/80? La bourgeoisie n’a pas besoin de lui. Elle ne prend pas.

Avec la crise d’aujourd’hui, la bourgeoisie a besoin par contre de groupes empêchant une offensive contre le capital, les structures patriarcales et néo-coloniales. Elle soutient donc des torchons comme Marianne, où les articles volant au ras des pâquerettes occupent l’esprit des gens, afin qu’ils/elles ne se lancent pas une réflexion concrète pouvant aboutir à la révolution. Et surtout d’organiser les classes moyennes, de les encadrer afin de les empêcher de tomber idéologiquement dans le camp du prolétariat et, éventullement, du communisme.

Les trois caractéristiques principales du discours fasciste sont:

-la nature patriarcale,

-la nature raciste néo-coloniale,

-la nature nationale.

En ce sens, des groupes comme le " PC "F et le Mouvement des Citoyens (MDC) sont à considérer comme nationalistes, et comme contribuant au processus de fascisation.

De même pour le " ni droite ni gauche " des anarcho-syndicalistes, qui est carrément de la démagogie populiste.

" Tous pourris ": un résumé simple mais révélateur de la pensée fasciste. Le " petit homme " veut lui aussi profiter de la grandeur de quelque chose, et comme il méprise le prolétaire (et encore plus l’immigréE), il veut voler quelque chose à la bourgeoisie. Celle-ci est accusée de trahir la nation, de ne vouloir que profiter au lieu de penser au bien commun national. C’est pourquoi, dans la pensée fasciste des classes moyennes, il faut attaquer la " ploutocratie ", condamner " l’impôt sur le revenu [qui] a pris une ampleur propre à tuer l’initative ", voir que " toute action de lutte des classes, dans un sens comme dans l’autre, porte la ruine de la collectivité par la faillite de ses entreprises ".

Les classes moyennes, coincées entre la bourgeoisie et le prolétariat, mènent une lutte de classe pour concilier les deux (elles ne peuvent pas éliminer ces deux classes, évidemment). On aboutit à une conscience romantique nationale, aux groupes nationaux-populistes ou nationaux-révolutionnaires, c’est-à-dire anti-lutte de classes. Les nazis prétendaient ainsi lutter contre le " front rouge " et contre " la réaction ". On abouti à un courant " révolutionnaire " de droite, c’est-à-dire au romantisme du XIXème siècle dans le contexte du Xxème siècle.

Idéologiquement, les cinglés créateurs de bricolages intellectuels nationalistes peuvent être sincères (comme un schizophréne peut l’être). Ainsi, dans les années 30 en Allemagne, le national-révolutionnaire Otto Strasser avait organisé un Front Noir pour organiser une révolution nationale avec (attention il faut s’accrocher): les nazis, les monarchistes, les socialistes et les communistes. C’est dire à quel point les luttes de classes (dont ces tendances sont l’expression) sont niées, oubliées au profit de la " nation ".

Notons ici l’existence d’un courant " national-bolchévik " ou " national -communiste ". Ce courant n’existe plus en France, mais a beaucoup influencé l’extrême-droite et, malheureusement, l’extrême-gauche. Historiquement les nationaux-bolchéviks ne sont pas du tout bolchéviks, il s’agissait juste de nationalistes allemands prônant une alliance avec l’URSS (d’où le nom). La bourgeoisie allemande savait elle, au contraire de ces fascistes fantasmant sur l’URSS, que celle-ci était vraiment communiste, et s’est donc empressé de soutenir les groupes anti-URSS et de liquider ces illuminés.

Puis, dans les années 50, le terme a été repris par des fascistes mélangeant Lénine, Gramsci, Staline, Mao, à des représentants de l’ordre bourgeois comme Péron ou Franco. Ce type de cinglés a même été qualifié de " nazis-maoïstes ". En fait, ils représentent la tendance anti-américaine de la bourgeoisie européenne, qui tente de rallier les classes moyennes à son ultra-impérialisme.

La revue belge " nation europe " prône ainsi la formation d’un super-impérialisme européen et soutient ainsi (théoriquement seulement cela va de soi) des groupes comme le MRTA par anti-américanisme (l’impérialisme US étant le concurrent de l’impérialisme ouest-européen).

[Nous coupons ici l’article. La suite, que nous publierons la prochaine fois, traite des middle-class sur le plan économique direct, du statut des fonctionnaires, du rôle des hautes écoles comme l’ENA, HEC ou Polytechnique, ainsi que des subdivisions au sein des classes elles-mêmes et du statut des femmes au sein de toutes ces divisions].

 

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