EL DIARIO : Monsieur le Président, comment considérez-vous les prochaines élections, la possibilité d’un coup d’Etat éventuellement provoqué par Garcia lui-même ?

 

PRESIDENT GONZALO : Si vous me le permettez, je vous dirai que ce qui est primordial dans les élections, c’est de les boycotter et, si possible, de les empêcher. Pourquoi disons-nous cela ? Qu’en tirera le peuple ? Rien. Il ne va rien gagner avec le changement par les élections. C’est une question très claire dans l’histoire du pays. Dans le document " Développer la Guerre Populaire pour servir la Révolution Mondiale ", nous avons montré, nous avons démontré et personne ne l’a démenti, nous avons démontré que le pourcentage de voix de la " Gauche Unie " est ce qui a empêché la majorité de s’exprimer contre les élections. Je crois que la démonstration est faite ; c’est pourquoi nous avons déclaré –et les faits le démontrent- que la tendance au Pérou est de ne rien attendre des élections ni d’un nouveau gouvernement ; la tendance est de refuser les élections. Où est le problème ? Comment le révisionnisme et l’opportunisme continuent à trafiquer avec les élections : voilà le problème, il vient de là. Alors le point-clé, quel serait-il ? Frapper et démasquer tout ce qu’implique un processus électoral, qui ne permet que la rénovation d’autorités de ce vieil ordre pourri ; il ne signifie rien de plus. Ils ne vont pas nous dire que cela permet de maintenir l’espace démocratique ; ce sont de vieilles histoires que personne ne va plus croire, ce sont les histoires que nous ont racontées ceux qui aujourd’hui forment le PUM, lors de l’Assemblée Constituante, en 80. Ils prétendaient alors qu’il y avait des espaces démocratiques, qu’il y avait une situation pré-révolutionnaire et que, avec la pratique parlementaire en tant que tribune, on passerait à une situation révolutionnaire, pour ensuite nous dire qu’il fallait se centrer sur la défense de l’ordre existant. Je crois que le principal pour le peuple, serait que la majorité exprime son rejet des élections, ne serait-ce qu’en votant blanc, même si ce n’est que cela. C’est important parce que, de cette manière, s’exprimera alors la volonté de la masse de notre peuple, l’immense majorité qui comprend déjà que, par cette voie électoraliste, il n’y pas de solution.

 

Je crois qu’ils ont voulu jouer avec les élections en annonçant la campagne électorale pour que le peuple centre son intérêt sur les élections. Mais nous observons que ce plan a échoué, et cela pour deux raisons : la première, ce sont les graves problèmes que le peuple connaît et la manière dont sa combativité augmente chaque jour, grâce à la Guerre Populaire ; et la deuxième, le fait que les propres contradictions ont transformé leurs institutions politiques en passoires : par exemple, la Gauche Unie est un ramassis de contradictions, le dit FREDEMO en est un autre et l’Apra est une pétaudière ; il en est vraiment ainsi. Et leur volonté de dévier l’attention du peuple a échoué ; et si les conditions sont celles d’une guerre populaire de grande perspective comme elles le sont réellement, tous les hommes révolutionnaires qui veulent que ce pays se transforme, doivent pousser le peuple à rejeter ce processus. C’est leur problème, pas le nôtre : à eux de voir comment ils changent leurs autorités. C’est ainsi que nous voyons les choses.

 

Quant à la possibilité d’un coup d’Etat dans le pays, elle est toujours latente. Mais nous pouvons voir qu’eux-mêmes prennent peur lorsque l’armée déclare ne voir aucune force politique capable d’affronter la guerre populaire. Si l’armée le déclare ainsi, cela veut dire que le coup peut avoir lieu à n’importe quel moment, mais il peut se présenter de différentes façons, c’est là un autre question. Il pourrait y avoir quelque chose de semblable à ce qui s’est passé en Uruguay avec Bordaberry, dans ce cas ce serait Garcia Pérez ; il pourrait provoquer lui-même un coup d’Etat, c’est une autre carte que Garcia Pérez a en réserve, parce qu’un coup d’Etat ferait de lui une victime et non pas un échec politique, comme c’est son cas. Et, comme il est jeune, d’ici peu de temps, il pourrait revenir en martyr et défenseur de la démocratie. C’est donc une carte supplémentaire du jeu de ce prestidigitateur démagogue. Et, si nous réfléchissons davantage, les forces armées devront développer une lutte contre-révolutionnaire toujours plus importante, qui leur donnera plus de pouvoir. Il en est ainsi et nous pensons que la contradiction évolue dans la perspective où nous devrons nous affronter : d’un côté, la révolution, le Parti Communiste du Pérou qui dirige la guerre populaire et, de l’autre, la réaction, les forces armées qui dirigent la guerre contre-révolutionnaire au Pérou.

 

EL DIARIO : Monsieur le Président, accepteriez-vous de dialoguer avec Alan Garcia Pérez ?

 

PRESIDENT GONZALO : Le dialogue, c’est une question très à la mode actuellement. Il fait aussi partie du jeu des superpuissances, particulièrement du social-impérialisme. Nous évaluons la situation de la manière suivante : il arrive un moment où des relations et des pourparlers diplomatiques s’établissent, ils sont une nécessité dans le développement d’une guerre populaire : nous nous rappelons par exemple la réunion du Président Mao avec Tchang Kaï-chek. C’est un phénomène connu, nous l’avons vu aussi dans le cas de Vietnam ; c’est une facette du développement d’un guerre révolutionnaire, plus encore d’une guerre populaire. Mais il faut partir du principe que, dans les réunions diplomatiques, on ne signe que ce qui a été ratifié sur le champ de bataille, parce que personne ne donne ce qu’il n’a pas perdu, évidemment cela se comprend. Alors, on pourrait se demander : ce moment est-il arrivé au Pérou ? Non, il n’est pas arrivé, alors pourquoi proposer ce dialogue ? Le dialogue ne cherche qu’à freiner, qu’à saper la guerre populaire ; c’est son but et il n’en a pas d’autre. Et j’insiste, le critère est que le moment des contacts et des pourparlers diplomatiques n’est pas arrivé, n’a pas raison d’être.

 

D’autre part, je crois que c’est une question démagogique, qu’ils agitent depuis l’époque où, à partir d’une proposition acceptée par un élément de la Gauche Unie, Belaunde, alors président, déclarait qu’il n’y avait pas d’interlocuteur valable ; rien que des mots, au fond ce n’était que démagogie bon marché, sans rime ni raison, et cela continue aujourd’hui. Et qui parlent de dialogue ? Les révisionnistes, les opportunistes et ceux qui fondent des espoirs sur l’Apra, sur cet ordre démoctratico-bourgeois, sur cet ordre réactionnaire ; ce sont eux. Mais, en même temps, est-ce que ce ne sont pas les mêmes qui proposent la pacification, qui proposent notre destruction ? Ceux qui proposent une manière de mieux pacifier, c’est-à-dire de nous balayer, parce que ce sont leurs rêves sombres pour satisfaire leurs appétits ? Ce sont les mêmes ! Quelle coïncidence ! Donc, ce dialogue est une sinistre magouille. On pourrait en plus se demander comment ceux qui ont signé une amnistie avec Garcia Pérez, amnistie d’ailleurs jamais respectée, peuvent parler de dialogue.

 

Pour cette raison, selon moi, le papotage sur le dialogue -je le répète- n’a en fait qu’un but : chercher à saper la guerre populaire, car il ne correspond pas à la réalité. Lorsque le moment arrivera, la guerre populaire devra nécessairement développer des pourparlers diplomatiques ; mais notre diplomatie visera la conquête du Pouvoir dans tout le pays, pleinement et complètement. Nous ne voulons pas de Vietnam Nord et de Vietnam Sud, nous ne voulons pas de Pérou du Nord et de Pérou du Sud. Nous voulons un seul Pérou, c’est notre condition : la reddition pleine, totale et absolue. Y sont-ils disposés ? Non, ce qu’il planifient, c’est notre destruction. Aussi le dialogue n’est-il qu’une partie du plan lui-même, malgré tout son caquetage démagogique et philistin.

 

EL DIARIO : Que pensez-vous de la Gauche Unie et de sa Ligne Politique ? Quel avenir donnez-vous à ce front révisionniste ? Quant à l’A.N.P. , Assemblée Nationale Populaire, quelle est la position du PCP ?

 

PRESIDENT GONZALO : Je veux être très bref à ce sujet. D’abord, il faut se demander quelle est la ligne de la Gauche Unie en ce moment. Nous ne le savons pas. On sait d’après ses documents antérieurs qu’elle se veut " un front de masses à tendance socialiste " ; et elle s’est centrée, comme de bien entendu, sur le crétinisme parlementaire. Au fond, qu’expriment de telles positions ? Quelque chose de bien simple : le fait de croire qu’ils peuvent prendre le gouvernement et ensuite, comme ils le disent, le pouvoir ; qu’ils comprennent donc qu’on ne prend pas l’un sans l’autre ! De plus, c’est d’abord la prise du Pouvoir, puis le gouvernement se constitue. Cela vient du fait que le problème essentiel de l’Etat, c’est le système d’Etat, c’est-à-dire la dictature qui s’exerce, la classe qui l’exerce ; et ce qui en découle, c’est le système de gouvernement. Le reste n’est que divagations vulgaires, propres aux révisionnistes pourris ; si nous observons leurs propositions, ils ne sont pas pour la destruction de l’Etat réactionnaire mais pour un gouvernement qui leur permette de continuer à faire évoluer cet ordre caduque et pourri. C’est ce qu’ils cherchent en proclamant qu’avec ce gouvernement et des réformes, ils pourront aller vers le socialisme. Et c’est, tout simplement, du révisionnisme effréné, déjà condamné par Lénine.

 

D’un autre côté, il faudra voir leurs thèses politiques et leur congrès. En ce qui concerne leurs thèses politiques , ils vont les publier prochainement. Je pense que dans la Gauche Unie, qui est un front, ne l’oublions pas, ce qu’on observe, c’est la réédition du vieux frontisme électoraliste opportuniste que nous avons vu de nombreuses fois au Pérou. Ce front est la négation d’un Parti qui dirige ; et, sans un parti du prolétariat qui dirige, il n’y a pas de transformation, il n’y a pas de révolution. Et la révolution ne s’est jamais faite et ne se fera jamais à travers le parlement. Ils sont en train de parer de nouveaux atours, de vieilles questions déjà discutées dans les années 60. Comment je vois la Gauche Unie ? En résumé, comme un ramassis de contradictions, comme une collusion et une lutte. Qu’est-ce qui les rassemble ? La collusion, leurs appétits, le fait de suivre la voie du crétinisme parlementaire, la répétition de vieux échecs, ou le fait d’être utilisés par la réaction comme une carte, de jouer des rôles sinistres comme Ebert, le pervers et vil assassin de la révolution de 1919, en Allemagne. C’est, me semble-t-il, ce qui les unit. Qu’est-ce qui les divise ? Leurs disputes, leurs bases, leurs appétits, et le fait qu’ils aient plusieurs maîtres ; ils dépendent donc de l’analyse que leurs maîtres font de la situation, parce qu’il y a là des révisionnistes qui servent le P.C.U.S., d’autres qui servent Deng, et ils dépendent de ce que disent leurs maîtres ou les intermédiaires de ces maîtres ; et ce, sans compter les liens avec d’autres centres de pouvoir.

 

Là est la question. Ceux qui veulent réellement faire la révolution doivent réfléchir sur certaines questions. Ils ont l’obligation de penser que, s’ils sont réellement du côté de la révolution, ils doivent rompre avec ce frontisme électoraliste rampant et inutile qui est un obstacle. En assumant leur position de classe, selon la classe qu’ils défendent, ils doivent converger vers un front véritablement révolutionnaire. Qu’ils le fassent et convergent dans les faits ; il ne suffit pas d’accuser d’être sectaire, il faut prouver qu’on ne l’est pas ; et pour ce faire, il faut premièrement cesser d’être opportuniste, révisionniste ; et, pour d’autres, il faut cesser de vouloir nous emmener sur les voies sans issue du social-christianisme. S’ils veulent la révolution, qu’ils démontrent et donc qu’ils expriment par des faits, l’abandon de la voie erronée qu’ils suivent : celle d’être à la remorque du révisionnisme soviétique et chinois. C’est la première chose qu’ils doivent faire ; par ailleurs, je le répète, qu’ils ne viennent pas avec des positions conduisant à des voies social-chrétiennes. Il faut qu’ils comprennent réellement le marxisme-léninisme-maoïsme, principalement le maoïsme; et, tant qu’ils ne le comprendront pas, ils n’avanceront pas. Qu’ils comprennent ce que veut dire faire une révolution au moyen d’une guerre populaire, qu’ils comprennent et ouvrent les yeux, parce que la vérité est écrasante, et ils ne peuvent nier ce que tout le monde voit, excepté eux. Leurs appétits ne peuvent être aussi importants, qu’ils assument clairement leurs limitations de classe et acceptent que ce soit le prolétariat qui dirige en tant que classe, à travers un Parti Communiste. Voilà ce qui nous intéresse principalement.

 

En ce qui concerne l’Assemblée Nationale Populaire. D’un côté, l’A.N.P est une chose intéressante ; on dit que c’est un " germe de pouvoir ". Très bien, " germe de pouvoir", disent-ils ; je me demande s’ils veulent former des soviets ? Sont-ils en train de rééditer l’expérience bolivienne de Juan José Torres ? Un pouvoir peut-il se créer ainsi ? Dresser ce supposé " germe de pouvoir " signifie, purement et simplement, s’opposer au Nouveau Pouvoir que nous sommes en train de construire de façon réelle et concrète. D’un autre côté, on dit que cette A.N.P est un " front de masses ". Est-ce à dire qu’ils font concurrence à la Gauche Unie ? Il s’agit également d’un " front de masses " ; et, bien qu’ils définissent ce qu’ils sont, est-ce donc un " germe de pouvoir " ou un " front de masses " ? Que sont-ils concrètement, se posent-ils clairement la question de savoir comment se forge le pouvoir ? Et que voit-on ? Simplement que l’A.N.P. est manipulée par le révisionnisme. Des preuves à l’appui : ses arrêts de travail suivant la direction et les dates que fixe le révisionnisme à travers la C :G :T :P : ; ainsi donc, là aussi, c’est le révisionnisme qui est à la tête et les révolutionnaires ne peuvent pas suivre les révisionnistes; ceux qui veulent réellement la révolution, je le répète, qu’ils le démontrent avec des faits! Qu’ils comprennent d’abord qu’un processus de guerre populaire, authentiquement révolutionnaire, est en train d’avoir lieu ici, dans ce pays. Alors, tant qu’ils ne le comprendront pas, ils ne pourront pas jouer le rôle que de nombreuses personnes peuvent assumer. Ils ont simplement de bonnes intentions ; mais, contrairement à ce qu’ils croient, ils manquent totalement de clarté.

 

EL DIARIO: Monsieur le Président, comment voyez-vous la situation de la lutte de classes des masses et les organisations existantes ?

 

PRESIDENT GONZALO : En ce qui concerne la lutte de classes des masses, je voudrais partir de ceci : notre peuple est héroïque; notre classe, le prolétariat, l’est encore plus ; comme tout peuple et tout prolétariat, ils sont des combattants persévérants, opiniâtres, dans la lutte de classes. Ils n’ont jamais baissé les bras et ils ne les baisseront pas jusqu’à ce que nous parvenions au communisme. Je crois que la première chose que nous devons faire, c’est reconnaître cette grandeur de notre peuple, de notre prolétariat ; la deuxième, c’est reconnaître, remercier, voir clairement et dire fermement que, sans leur appui, sans leur soutien, nous n’aurions rien fait ! Absolument rien! Car ce sont les masses qui font l’histoire. Nous y croyons avec ferveur, tout comme nous croyons au mot d’ordre " On a raison de se révolter "; c’est un autre principe-clé des masses.

 

Comment voyons-nous les masses ? Avec la joie profonde de communistes, je salue cette mobilisation croissante et montante des masses qui est en train de rééditer d’anciennes gloires et d’écrire de nouvelles pages historiques. Les masses sont entrées et persévéreront dans un processus aigu de lutte de classes. Le pessimisme qui règne à la Gauche Unie, comme le reconnaît M.Moreno lui-même, dirigeant Patrie Rouge, ne pénétrera pas les masses puisque les masses ne sont pas pessimistes; rappelons-nous ce que nous dit le Président Mao : seuls les révisionnistes et les opportunistes sont pessimistes ; nous, le prolétariat et les communistes, sommes toujours optimistes, car l’avenir nous appartient. C’est établi historiquement pendant que politiquement nous poursuivons notre chemin. Les masses ne tomberont pas dans le pessimisme, elles n’y sont d’ailleurs jamais tombées. C’est absurde, c’est les avilir. Les masses luttent mais, pour lutter, elles ont besoin d’une direction, d’un Parti car il n’y a pas de mouvement de masses qui puisse évoluer, se maintenir, et encore moins se développer, sans un parti qui les dirige.

 

Nous voyons avec une joie révolutionnaire comment les masses sont en train de combattre; et comment, ainsi que leurs propres actions le démontrent, elles apprennent de celles déjà incorporées à la guerre populaire ; comment elles commencent à appliquer ce grand mot d’ordre : Combattre et Résister! Il n’est plus temps de seulement recevoir, il faut être correct, il faut aussi rendre et rendre le double afin d'être doublement correct. Je crois que les masses sont en train de le faire en nous donnant réellement des exemples qui laissent entrevoir la perspective brillante qu'elles-mêmes verront;  car ce sont elles qui font la révolution, le Parti ne fait que les diriger. Je crois que c’est un principe que nous connaissons tous, mais il n’est pas inutile de le rappeler.

 

En ce qui concerne les organisations, il nous semble que nous devons, aujourd’hui plus que jamais, étudier sérieusement ce que Lénine enseigna dans son œuvre " La faillite de la IIème Internationale ", chapitre VIII ; il nous dit que l’Etat des exploiteurs, l’Etat bourgeois, l’Etat réactionnaire, permet l’existence d’organisations, pour se maintenir, vendent la révolution pour un plat de lentilles. Je crois que cette affirmation leur va comme un gant. Mais il nous dit, en plus, que la révolution n’a rien a attendre de ces organisations ; la révolution doit créer ses propres organisations pour développer les temps de guerre, de révolution, comme ceux que nous sommes en train de vivre et vivrons davantage dans l’immédiat et dans l’avenir la révolution triomphera. En conséquence Lénine nous disait : il faut créer de nouvelles organisations pour servir la révolution, même si nous devons passer par la tête des vendeurs d’ouvriers et des traîtres à la révolution. Je crois que ce sont les paroles de Lénine ; elles méritent notre grand respect à tous et elles doivent nous faire réfléchir sérieusement et profondément ; autrement, nous ne servirons pas la classe, le peuple. Il faut signaler le besoin que nous avons de contribuer à ce que tous assument davantage la conscience de classe. Qu’elles vivent selon ce qu’elles sont, classe ouvrière ou peuple, avec des intérêts opposés, antagoniques à ceux des exploiteurs. Qu’elles réalisent clairement le pouvoir qu’elles ont quand elles arrêtent la production avec une grève ; qu’elles comprennent, réalisent et conduisent une grève comme une Ecole de guerre, comme une Ecole de communisme et qu’elles continuent à développer leurs grèves comme la forme principale de lutte dans le domaine économique, ce qu’elle est de fait. Mais dans les circonstances actuelles, il faut qu’elles soient indissolublement liées à la conquête du Pouvoir. Ainsi donc, unissons la lutte pour les revendications avec le combat, avec la guerre populaire pour la conquête du Pouvoir, car c’est la défense de leurs intérêts de classe, c’est la défense des intérêts du prolétariat, du peuple ; c’est ce dont nous avons besoin et nous croyons que nos masses avancent toujours plus.

 

Nous avons défini dans notre Parti, il y a quelque temps, ce que nous appelons la loi des masses, la loi de l’incorporation des masses, dans la guerre, dans la révolution, telle que nous la développons et comment elle fait corps avec la réalité ; les masses s’incorporent par vagues et par bonds toujours plus grands; c’est la direction que nous suivons et qui nous permettra de concentrer le 90% du peuple péruvien. Pourquoi faire? Pour que les masses fassent triompher la révolution et culminer l’œuvre qu’elles ont entreprise, il y a 8 ans et qu’elles mènent en avant avec leur propre sang, parce que c’est d’elles, c’est de leur sein qu’est née la révolution ; ce sont elles, les masses, qui font l’histoire, j’insiste, le Parti ne fait que diriger; voilà je crois ce qu’il en est.

 

EL DIARIO: Monsieur le Président, dans quels secteurs politiques et sociaux le PCP cherche-t-il ses alliés? Avez-vous une quelconque affinité avec quelque groupe politique du pays?  L’opportunisme vous accuse de sectarisme. Comment définissez-vous votre politique de front? Quel est le poids du Parti à la campagne, sur le mouvement ouvrier, sur le peuple en général?

 

PRESIDENT GONZALO: Si vous me permettez de partir en premier lieu de la façon dont nous voyons le front, nous avons déjà dit comment nous le menons en avant; mais ce dont nous avons besoin, c’est de préciser ici comment nous concevons le front uni dont parlait le Président Mao. Disons au passage, que c’est lui qui a établi les lois du front, les six lois du front; avant lui, il n’y avait pas de telles lois. En accord avec ces critères du marxisme-léninisme-maoïsme, notre problème est celui d’un front de classes, avec le prolétariat comme classe dirigeante, la paysannerie comme force principale, la petite bourgeoisie comme alliée à laquelle nous devons prêter attention, en particulier les intellectuels, car ils sont nécessaires à la révolution, comme l’enseigna également le Président Mao. Même la bourgeoisie nationale peut participer et participe à ce front dans des circonstances et des conditions déterminées. Voilà ce que nous entendons par front uni; ce front a une base: l’alliance ouvrière-paysanne, celle qui se forge à la campagne, celle que nous sommes en train de forger, depuis déjà 8 ans aujourd’hui, les armes à la main. Pourquoi l’alliance ouvrière-paysanne est-elle nécessaire? Parce qu’il n’y a pas d’hégémonie du prolétariat sans elle, tout cela exige un Parti Communiste qui dirige ce front: telle est notre position. Nous sommes absolument opposés à la théorie révisionniste, qu’ils appliquent en Amérique Centrale et qu’ils veulent diffuser dans d’autres endroits, affirmant que " tous sont révolutionnaires ", que " tous sont marxistes ", " qu’il n’y a pas besoin de Parti Communiste qui dirige " et " qu’il suffit de s’unir tous et de se baser sur un front pour conduire une révolution " ; c’est la négation du marxisme, la négation de Marx, la négation de Lénine, la négation du Président Mao ; il n’y a pas de marxiste qui ait mis de côté la direction du Parti; autrement, comment se concrétise l’hégémonie du prolétariat? Seulement au moyen du Parti Communiste en tant que tel, c’est-à-dire, un parti marxiste-léniniste-maoïste qui serve de façon conséquente et ferme les intérêts de la classe et défende ceux du peuple. C’est ainsi que nous le voyons et c’est ce que nous sommes en train de matérialiser et de développer. Pour nous, le problème de front a un rapport avec la thèse connue, qui dit que, le Parti étant toujours une sélection des meilleurs, étant la direction nécessaire, pas pour faire la révolution puisque ce sont les masses qui la font, apparaît alors la nécessité du front pour rassembler les 90% de la population, l’immense majorité. C’est cela que nous cherchons, et c’est ce que nous sommes en train de réaliser.

 

A propos d’organisations, nous avons eu en diverses occasions, des relations avec des organisations et alors nous les avons traitées comme il se doit, d’égal à égal, et nous avons échangé des expériences. Dans certains cas, elles ont demandé que le Parti les aide politiquement, ce que nous avons fait. Plusieurs cas se sont présentés, mais il vaut mieux ne pas donner de noms pour l’instant.

 

A propos de si nous sommes sectaires ou non, excusez-nous de vous lire ce que dit le document " Développer la guerre populaire pour servir la révolution mondiale ". Ce sont les paroles de notre fondateur et nous les utilisons précisément parce que ceux qui se disent mariateguistes doivent l’être véritablement. Mais on ne peut pas être continuateur de Mariátegui sans être marxiste-léniniste-maoïste. Mariátegui disait : " Nous vivons une période de grande lutte idéologique. Les hommes qui représentent une force de rénovation ne peuvent, ni conjoncturellement, ni fortuitement, se concerter et ou se confondre avec ceux qui représentent une force conservatrice ou de régression. Un abîme historique les sépare. Ils parlent un langage différent et n’ont pas la même intuition de l’histoire ".

 

" Je pense qu’il faut réunir les semblables et non les contraires. Il faut assembler ceux que l’histoire veut assembler. Il faut que se solidarisent ceux que l’histoire veut solidaires. Ceci me semble la seule entente possible. La seule intelligence pourvue d’un sens historique précis et tangible ".

 

" Je suis révolutionnaire, mais je crois que les hommes de pensée claire et de position définie peuvent s’entendre et s’apprécier facilement, même s’ils se combattent. Le secteur politique avec lequel je ne m'entendrai jamais, est l’autre secteur, celui du réformisme médiocre, du socialisme domestique, de la démocratie pharisaïque ".

 

C’est à cela que nous nous référons. Nous ne sommes pas sectaires, aucune de nos actions ne le démontre, mais ce que personne ne peut exiger de nous c’est que nous allions au marais. Lénine nous enseigna: si certains décident et veulent aller au marais, ils ont le droit d’y aller, mais ils n’ont pas le droit de nous y entraîner avec eux. Lénine nous disait que nous devons suivre notre chemin en pente raide jusqu’au sommet, et dans d’autres textes, que nous devons affronter la mitraille de l’ennemi, mais nous continuerons d’avancer. Alors nous ne sommes pas sectaires, ni dogmatiques, nous sommes simplement des communistes et nous sommes attachés à ces sages paroles de Mariátegui. Nous demandons par contre à ceux qui se vantent de le suivre, de le suivre vraiment et de le prouver.

 

En ce qui concerne le poids du Parti à la campagne, ce que nous pouvons dire concrètement, c’est que la majorité de notre force militante est paysanne, l’immense majorité; et notre limitation est le nombre insuffisant d’ouvriers. Nous avons là une limitation sérieuse mais nous faisons et nous ferons plus d’efforts pour la surmonter parce que nous avons besoin de communistes prolétaires, d’ouvriers. En effet, ils nous transmettent cette résistance, cette fermeté d’acier qui les caractérisent en tant que classe.

 

Nous savons, du reste, que dans le peuple en général, notre force et notre retentissement augmentent ; nous pouvons dire que l’Armée Populaire de Guérilla est formée des masses, des paysans, des ouvriers, des intellectuels, des petits-bourgeois, cela représente des milliers d’hommes. Nous avons des centaines de Comités Populaires organisés en Bases d’Appui et nous exerçons un Pouvoir sur des dizaines de milliers de personnes. Voilà notre réalité, l’influence du Parti est grandissante et notre retentissement sur les masses est chaque fois plus grand ; nous appliquons ce principe comme nous le dit le marxisme, d’éduquer le prolétariat, le peuple, les masses, avec des actions frappantes pour ancrer en eux les idées. Nous croyons que nous sommes en train de faire un grand bond dans notre croissance au sein des masses, voilà ce que nous pouvons dire. Nous souhaitons, et c'est notre tâche et une partie de notre plan, faire un grand bond dans le travail de masses. Les masses, dans le pays, ont besoin de la direction du parti Communiste. Nous espérons, avec un peu plus de théorie et de pratique révolutionnaire, avec plus d’actions armées, plus de guerre populaire et plus de Pouvoir, atteindre le cœur-même de la classe et du peuple et le rallier réellement à nous. Pourquoi? Pour le servir, c’est ce que nous voulons.

 

EL DIARIO: Monsieur le Président, d’autres organisations  ou ne se définissent pas, ou parlent vaguement de révolution socialiste pour le Pérou. Quelles sont les raisons qui permettent au P.C.P de définir les étapes de la révolution péruvienne? Comment le P.C.P mènera la révolution socialiste et les Révolutions Culturelles Prolétariennes au triomphe et les forces contre-révolutionnaires à la déroute? Les Révolutions Culturelles seront-elles similaires à celles que développa le Président Mao en Chine?

 

PRESIDENT GONZALO: Un problème capital est de définir le caractère de la révolution. Pour nous, selon ce que le propre Congrès du Parti a établi, la révolution est démocratique. C’est en assumant le maoïsme que nous sommes parvenus à développer une compréhension un peu plus large de la situation de notre pays. Nous considérons que la société péruvienne est une société semi-féodale et semi-coloniale sur laquelle se développe un capitalisme bureaucratique et, en conséquence la révolution est démocratique. Nous considérons que cette révolution démocratique doit affronter trois montagnes : l’impérialisme principalement yankee, le capitalisme bureaucratique et la semi-féodalité. Cette révolution démocratique exige d’engager une guerre populaire c’est pour cela que nous sommes résolus dans cette guerre populaire qui nous permettra de détruire ces trois montagnes et de conquérir le Pouvoir dans tout le pays, dans une perspective à notre avis pas si lointaine. Mais finalement, ceci dépend de l’importance de l’effort que nous, tous les combattants, engagerons dans la guerre populaire, mais aussi de l’adhésion chaque fois plus grande que lui apporteront les masses. Nous considérons que cette révolution démocratique doit être suivie sans intermède d’une révolution socialiste. A ce sujet nous voudrions préciser ceci, assumant ce que le Président Mao nous enseigne avec une grande clairvoyance de ce qui pouvait surgir: il nous dit que la révolution démocratique se termine le jour même de la prise du Pouvoir dans tout le payas et de la fondation de la République Populaire. Ce même jour, à cette même heure, commence la révolution socialiste, dans laquelle nous devons développer une dictature du prolétariat et ainsi, mener en avant les transformations de base pour le développement du socialisme.

 

Nous considérons qu’il existe un troisième type de révolution. En étudiant le Président Mao Tsétoung, et les accords du P.C.C., nous sommes en train de comprendre chaque fois plus, l’importance de la grande révolution culturelle prolétarienne, comme continuation de la révolution sous la dictature du prolétariat, et son caractère indispensable. Sans elle la révolution ne peut pas poursuivre sa marche vers le communisme. Nous considérons qu’il y aura des révolution culturelles successives, mais nous pensons que cette révolution culturelle devra être spécifiée. Même si nous devons assumer la thèse du Président et la grandiose expérience du P.C.C., nous devons l’appliquer à notre propre réalité; là encore, nous sommes anti-dogmatiques, nous ne pouvons être mécanicistes, nous serions contre le maoïsme. En tant que Parti Communiste, nous pensons que notre but est unique : le communisme, mais là, et excusez-moi si je répète, nous devrons y parvenir tous sur la Terre, au risque que personne n’y arrive. Nous sommes absolument opposés aux thèses révisionnistes de Krouchtchev qui nous parlait de communisme en U.R.S.S : pour l’année 1980. Le Président Mao Tsétoung réaffirma une fois de plus, que nous entrerions tous au communisme ou sinon personne n’y entrerait. C’est pour cela que notre révolution est étroitement liée à la révolution mondiale. C’est notre but final et définitif, le reste n’est qu’étapes, pas, moments. Nous pensons que la perspective pour parvenir au communisme est lointaine. La projection du président Mao Tsétoung nous semble exacte.

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